23 nov. 2010

Mer

Glorifiée par les amoureux, mise à nue par les marins, décrite par les poètes, observée par les peintres, Mer te voilà donc Muse des humains, inspirant chaque être d'une façon différente. Tu suscites la peur comme la passion, tu es dangereusement attirante. Sous tes airs calmes, d'eau douce bercée par les courants, tu es capable de te métamorphoser et en un clin d'œil provoquer les pires tempêtes.

Lorsque près de toi je me trouve, lorsque près de toi je sens sur ma peau le sel me brûler, lorsque près de toi j'entends le clapotis de l'eau et les vagues s'écraser sur les rochers, lorsque je suis envahie de mélancolie, alors mes souvenirs me conquièrent. Mes pensées s'envolent et se laissent entraîner dans le néant et l'immensité que tu symbolises. Lors de mon éloignement, tout revient et je repars à zéro, néanmoins pendant quelques instants tu m'as fait oublier mes maux . Lorsque mon regard baigne dans tes eaux, puis se perd dans ton horizon, ma vision des choses en est modifiée. Lorsque je te confesse mes craintes et mes secrets, je sais qu'en toi Mer je peux me confier, car pour moi, Mer, tu en es une.

Mais sur la plage, je la revois, le visage baigné de larmes, la poitrine soulevée avec difficulté, les mains serrées contre son cœur.
La bouche entre-ouverte, un cri désespéré, bloqué, incapable de s'exprimer, le regard triste et las, les pensées arrêtées. Elle vient de perdre un être cher, elle vient de perdre un ami, et toi Mer, tu as englouti son mari.

Les mouettes annoncent gaiement le retour de l'été. Le sable chaud, réconfortant, faisant sourire les enfants, les plages se remplissent peu à peu de marcheurs, mais aussi de quelques baigneurs courageux. Cette nouvelle saison introduit lentement l'espoir dans les gens. Jour après jour, nuit après nuit, elle attend en silence, insensible aux changements, caressée par le vent encore froid qui sèche ses larmes ainsi versées, murmurant sans cesse sa nostalgie et son souvenir. Elle a perdu son amant, son ami, son mari. Qu'as-tu fais Mer ?! Détruire ainsi sa vie ? Ensevelir son amour, sans aucune raison ? N'as-tu point de regrets ? N'as-tu point de peine pour cet être dépourvu de bonheur et blessé par tant de haine ? Pourquoi lui avoir ainsi arraché son seul ravissement ?

Elle se laisse emporter par les eaux déchaînées de ses larmes, elle se perd dans la tempête de l'océan, ballottée à son gré par son malheur éprouvant.Puis elle finit par poser son regard,devrait-elle rejoindre son marin ? Son souvenir la frappe de plein fouet, il est là devant elle, les bras écartés, le sourire de l'homme fait naître celui de la femme. Se levant à moitié, elle essaye de le toucher, mais d'un coup de vent sec et rapide la vision se disperse dans les courants atmosphériques et la laisse seule, avec ses larmes de deuil en guise d'océan.

- By Times Maker (c)

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