23 avr. 2010

Plaisirs simples

    Il y a ce parc dans Lisbonne, enchâssé entre un centre commercial et une prison, au carrefour de deux bruyantes avenues et d’une voix aérienne, un lieu de libération, qu’elle ironie. Il a cette mare d’eau artificielle, ridée par les aléas du vent, où des canards égarés aiment se reposer avant de reprendre leur vol vers des destinations inconnues. Le bruit citadin contrastant avec les chants des oiseaux et le calme qu’il y règne. Les passants poursuivent cet endroit paisible pour fuir la ville, en quête d’échappatoire, comme si en venant là ils pouvaient s’extirper du stress, du bruit, et sûrement de la réalité. Il y a ce parc où j’aime me perdre, cheveux au vent, le regard à l’horizon, à peine masqué par des verres sombres qui le protègent des rayons UV. Il y a ces gens qui lisent, allongés sur des lits d’herbe verte, d’autres qui peignent la beauté artificielle recréée par l’homme d’un paysage passé, détruit par cette même main créatrice. Il y a ces chiens errants qui retournent à leur maître, invisibles à mes yeux, cachés par des buissons. Il y a ces visages sans nom que j’oublierai sûrement. Il y a ce chauve qui court pour maintenir sa silhouette, chassant les poids morts de la graisse de son alimentation. Et puis il y a moi, observatrice indiscrète, qui au gré des passants, compose des phrases sans fin, en souriant. Un plaisir simple d’être à l’air libre et m’attarder sur des petites actions des autres, par pur intérêt ou par ennui. 
    Un plaisir qui n’a le prix que de la liberté.

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